02. Les Risques Psychosociaux en entreprise :
Un enjeu capital pour la QVT en France
Publié par Stéphanie Puigpinos Le 20 décembre 2023
Dans le paysage entrepreneurial français, les risques psychosociaux (RPS) ne sont plus un tabou et sont devenus une préoccupation majeure. Selon une étude récente de l’INRS, plus de 30% des salariés en France en sont touchés et signalent une détresse psychologique liée au travail.
Cette statistique alarmante soulève une question cruciale : comment les entreprises peuvent-elles agir pour préserver la santé mentale et la Qualité de Vie au Travail (QVT) de leurs employés ?
Qu'est-ce que les risques psychosociaux ?
Les RPS sont complexes et comprennent divers facteurs tels que le stress, les conflits, la pression du travail, ou encore le harcèlement. Ils sont souvent la conséquence d’une mauvaise organisation du travail, d’une communication déficiente,
ou d’exigences professionnelles disproportionnées. Ces risques peuvent avoir des répercussions graves sur la santé mentale et physique des travailleurs, mais aussi à terme, sur la performance globale de l’entreprise.
Tendances actuelles et les jeunes davantage exposés
La situation actuelle en France, exacerbée par le contexte post-COVID et l’incertitude économique, montre une augmentation notable des RPS.
Selon la DARES, 45% des employés expriment une augmentation du stress au travail en 2023, comparativement à 35% en 2019. De même, le taux d’épuisement professionnel a grimpé de 10% sur cette même période.
La Génération Z, entrée récemment sur le marché du travail, est particulièrement vulnérable aux RPS avec l’inflation, l’accélération des transformations digitales, et un rythme de travail particulièrement soutenu, montre des signes d’anxiété et de stress plus élevés. Près de 40% des jeunes travailleurs expriment un sentiment d’insécurité professionnelle et de stress lié à l’avenir.
Impact sur le bien-être et la QVT
L’impact des RPS sur le bien-être et la QVT apparaît comme indéniable. Des employés souffrant de RPS peuvent ressentir de l’anxiété, de la dépression, ou encore un sentiment d’isolement, affectant ainsi leur motivation et leur engagement. Ils choisissent souvent de masquer leur état de santé mentale à leur employeur, de peur de stigmatisation,
ce qui souligne un manque d’ouverture et d’accompagnement dans les entreprises sur ces questions.
Pour les entreprises, les RPS à terme, ont pour conséquence une baisse de productivité, un taux d’absentéisme plus élevé, et indirectement, une détérioration de leur image.
La nécessité des mesures préventives
Face à ces défis, il est impératif pour les entreprises de mesurer les RPS et de mettre en place des actions préventives. Cela peut inclure la formation des managers à la reconnaissance et à la gestion des signes de RPS, l’amélioration de la communication interne, ou encore la mise en place de programmes de soutien aux employés. Mais cela implique en amont un diagnostic précis pour en comprendre les origines.
Si le questionnaire de Karasek évalue le niveau de stress au travail en fonction de la demande psychologique et du contrôle exercé, d’autres, comme le modèle de Siegrist, se concentrent sur le déséquilibre entre l’effort fourni et la reconnaissance reçue.
Le rapport Gollac (Michel Gollac, sociologue et économiste français ayant présidé un collège d’experts sur le sujet) est une approche globale et participative, qui permet aux entreprises de comprendre en profondeur les Risques Psychosociaux et de développer des stratégies de prévention efficaces. Il préconise une approche participative, impliquant les salariés et leurs représentants dans l’identification et l’analyse des RPS. La méthode multidimensionnelle permet de comprendre les RPS dans leur globalité via un diagnostic qui prend en compte à la fois les conditions de travail, l’organisation du travail, les relations de travail, et les facteurs individuels.
Les enquêtes RPS sur-mesure :
Les entreprises peuvent également développer leurs propres enquêtes, adaptées à leur contexte spécifique. Cela implique de travailler avec des consultants en management et en psychologie du travail pour créer un questionnaire sur-mesure qui couvre tous les aspects pertinents des RPS dans l’organisation.
Après le diagnostic, le rapport recommande de développer des actions de prévention adaptées, basées sur les résultats de l’analyse. Ces actions peuvent être de nature organisationnelle, technique ou relationnelle. Enfin, le rapport souligne l’importance du suivi et de l’évaluation des mesures mises en place, ce qui permet d’ajuster les actions en fonction de leur efficacité et des attentes exprimées.
En résumé
Les RPS représentent aujourd’hui plus que jamais un défi majeur pour les entreprises en France. Alors que le paysage du travail continue d’évoluer, la capacité des entreprises à identifier, mesurer et atténuer ces risques sera cruciale pour assurer une QVT optimale et maintenir une main-d’œuvre dans les entreprises saine et productive. Il est urgent pour les organisations d’adopter des stratégies plus efficaces et inclusives pour garantir la santé mentale au travail via des mesures concrètes pour faire face à cette réalité incontournable.
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